Des familles invisibles : les Algériens de France entre intégrations et discriminations (1945-1985) /

"L'immigration algérienne des années 1950-197o est souvent associée à un stéréotype, celui d'hommes seuls, débarqués par bateau à Marseille, logés dans des foyers Sonacotra ou des bidonvilles, à proximité de l'usine où ils travaillent. Ce cliché repose largement sur l'idée q...

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Bibliographic Details
Main Authors: Cohen, Muriel, 1981- (Author)
Published: Éditions de la Sorbonne,
Publisher Address: Paris :
Publication Dates: 2020.
Literature type: Book
Language: French
Series: Collection "Histoire contemporaine", 25
Subjects:
Summary: "L'immigration algérienne des années 1950-197o est souvent associée à un stéréotype, celui d'hommes seuls, débarqués par bateau à Marseille, logés dans des foyers Sonacotra ou des bidonvilles, à proximité de l'usine où ils travaillent. Ce cliché repose largement sur l'idée que le regroupement familial n'a été instauré qu'en 1976, après avoir mis fin à l'immigration de travail, et a conduit les partisans d'une politique migratoire restrictive à présenter l'immigration familiale comme l'origine des difficultés sociales qui affectent les banlieues populaires au début des années 1980. Pourtant, plus de 8o 000 familles algériennes vivaient déjà en France à cette époque. Au croisement de l'histoire coloniale, urbaine et des migrations, cet ouvrage retrace les trajectoires des premières familles algériennes installées en France, principalement à Nanterre et dans l'ouest de la région parisienne. Il mobilise à la fois des archives administratives, pour appréhender les politiques publiques mises en place à l'égard de ces familles, mais aussi des dossiers de regroupement familial, des entretiens ainsi que les archives privées de Monique Hervo - une figure militante qui s'est installée dans le bidonville de la Folie à Nanterre dès 1959 -, pour saisir l'expérience vécue par ces populations. Ces matériaux, en partie inédits, dessinent une autre image de l'immigration algérienne, où se côtoient les familles des bidonvilles, qui font pour certaines partie intégrante de la société de consommation, et les familles "invisibles", lesquelles, comme les ouvriers français, connaissent les logements trop petits, les taudis, mais aussi, parfois, les logements sociaux. Malgré tout, l'existence même des bidonvilles et de quelques segments du parc social concentrant des Algériens a servi de prétexte au développement d'une politique d'immigration spécifique, qui limite l'arrivée des familles algériennes après l'indépendance. À la fin des années 1970, les tentatives visant à exclure les Algériens du territoire échouent, mais le contexte de la crise économique, les discours hostiles et les pratiques discriminatoires à leur égard entraînent une rupture du processus d'intégration socio-économique amorcé au cours des années 1960."--Page 4 of cover.
Carrier Form: 448 pages : illustrations, maps ; 24 cm.
Bibliography: Includes bibliographical references (pages [419]-428) and index.
ISBN: 9791035105198
9789791035101
9791035105
Index Number: DC34
CLC: D741.581
Call Number: WF/D741.581/C678
Contents: Une migration favorisée ? --
Les premiers temps de l'immigration familiale en situation coloniale (1945-1962) --
Les pionnières : familles immigrées avant 1954 --
Contexte et motivations de l'émigration familiale --
Une migration provoquée par l'éclatement des structures familiales traditionnelles --
La famille patriarcale élargie de l'Algérie rurale traditionnelle --
Le déclin de la famille traditionnelle vu par Bourdieu et Sayad --
Les migrations féminines : une stratégie coujugale2 --
Des familles en quête de promotion sociale --
Les stratégies économiques et d'ascension sociale --
Les stratégies scolaires --
Les migrantes : des femmes issues des villes --
Les premières familles algériennes en métropole : des "privilégiées" ? --
Rythmes et territoires d'implantation des familles --
Une forte croissance à partir du début des années 1950 --
Une implantation calquée sur celles des hommes, une répartition différenciée --
Structures de l'emploi et regroupement familial --
Secteurs d'activité et hébergement --
Un facteur décisif : l'emploi qualifié et stable --
Le cas de la région parisienne --
Des familles pas plus mal loties que les autres ? --
"Quelques rares familles privilégiées de la chance" --
Encourager l'immigration familiale algérienne ? --
Pouvoirs publics et experts face à un nouveau phénomène --
La position prudente des sociologues coloniaux --
Évolutions et clivages chez les démographes --
Une immigration inassimilable et indésirable aux yeux des populationnistes --
La nouvelle position de l'Ined au milieu des années 1950 --
Pragmatisme et fluctuation au ministère de l'Intérieur et aux ESAA --
Problèmes méthodologiques et biais de recherche des études sur les familles algériennes --
Une surreprésentation des familles implantées à l'écart de Paris --
Le mal-logement vu par les associations : problèmes de critères et de méthodes --
Le tournant de la guerre d'indépendance : précarisation et mise sous contrôle (Nanterre 1954-1962) --
Violences de guerre et développement des bidonvilles à Nanterre --
L'émigration familiale vers Nanterre au temps de la guerre : études de cas --
À Khenchela, une migration familiale liée aux violences de guerre --
Le Souf : une émigration traditionnelle recomposée par l'indépendance tunisienne --
À Maghnia : l'accélération d'une migration établie dans le contexte de la guerre --
Un lieu de refuge pour les familles au temps de la guerre --
Avant la guerre --
Des premières arrivées à l'explosion de 1958-1959 --
Logique de contrôle et exclusion (1958-1962) --
Les bidonvilles de Nanterre, au coeur de l'intervention publique en région parisienne --
Un laboratoire de la politique paradoxale de relogement des "FMA" --
La socio-éducation, justification des cités de transit --
Limites et ambiguïtés de l'action associative : faire sien le discours socio-éducatif --
L'échec d'un projet socio-éducatif : le cas du Geanarp --
Du patronage aux recensements : construire sa légitimité auprès des autorités --
Un projet socio-éducatif innovant pour la cité des Grands Prés --
La reprise en main de la préfecture de la Seine --
Limiter les arrivées de familles en métropole
Les craintes suscitées par l'arrivée d'un nombre croissant de familles --
Limiter les circulations en temps de guerre --
Des stratégies pour limiter les départs (1958-1961) --
Le durcissement de la fin 1961 --
Entre précarité et ancrage local : la vie familiale dans l'ouest de la seine vers 1960 --
Les bidonvilles de Nanterre : lieux de passage, "villages" algériens ou quartiers ouvriers ? --
Les bidonvilles, des espaces en mouvement --
Un territoire qui évolue --
Les chemins du bidonville --
Des micro-hiérarchies au sein d'une société de petits ouvriers --
Une population socialement homogène ? --
Des petits ouvriers en quête de stabilité --
Un habitat précaire mais aménagé --
Marché immobilier et modes de consommation --
Une faible organisation communautaire, de fortes solidarités familiales --
Une société auto-régulée pendant la guerre ? --
Quelques figures de notables --
"Une solidarité de l'exil" --
La parenté, une ressource essentielle dans les bidonvilles --
À Boulogne-Billancourt et Puteaux, une intégration locale variable --
Les Algériens à Puteaux et Boulogne-Billancourt : des ouvriers aux marges de la ville en voie de modernisation --
À Boulogne-Billancourt, des configurations familiales hétérogènes mais stables --
À Puteaux, des familles plus fragiles --
Le regroupement familial, une histoire de logement (1962-milieu des années 1970) --
Encadrer les arrivées des familles après l'indépendance --
Les bidonvilles, un prétexte pour limiter l'immigration familiale (1962-1965) --
Une immigration "nouvelle" et indésirable --
Le mal-logement, argument de légitimation de la réduction des flux --
Le regain des bidonvilles --
Le recensement faussé de la préfecture de la Seine en 1965 --
La solution : "sélectionner" les arrivées --
Les familles, objets secondaires des négociations diplomatiques (1962-1968) --
Les accords de 1964 : ralentir les entrées de familles --
Entre 1965 et 1968 : imposer de nouvelles mesures restrictives aux familles --
Les conséquences des accords de 1968 : le les des régularisations de familles algériennes --
Des circulaires d'application à l'origine d'une procédure longue et complexe (1964-1968) --
Une procédure de plus en plus exigeante (1964-1967) --
Uniformisation et multiplication des étapes --
L'implication croissante des services de police --
Les définitions du "bon logement" et de la "famille" --
Les "concentrations" comme critère principal --
Qu'est-ce qu'une "famille"? --
La mise en application --
Le filtrage des dossiers --
Les motifs de refus des dossiers --
Une migration sous surveillance : le contrôle des entrées et du séjour en pratique --
Surveillance des frontières et refoulements (1965-1968) --
De l'expulsion aux régularisations (à partir de 1968) --
Marginalisation et normalisation : l'habitat familial dans les Hauts-de-Seine (1962-1976) --
Le devenir des bidonvilles de Nanterre pendant les années 1960 : des territoires abandonnés par les pouvoirs publics --
Des familles prises au piège du bidonville ? --
Résorption des bidonvilles et baisse de la population --
Celles qui partent --
Celles qui restent --
Un espace de plus en plus anomique
L'ecement des militants FLN après l'indépendance --
Une action sociale moins structurée --
Un espace dangereux et soumis à de fortes tensions --
Les habitants des cités de transit, une population mise à l'écart --
Politique de résorption et peuplement des cités de transit --
Des opérations de résorptions tardives et précipitées. --
... à l'origine d'une très forte ségrégation ethno-spatiale --
Le contrôle des habitants et sa justification --
Des méthodes paternalistes et intrusives --
Des familles "inadaptables"? --
Des habitants en recherche de stabilité --
Les familles du regroupement familial : un accès au parc "ordinaire" qui repose sur l'emploi et l'enracinement local --
Les facteurs de l'implantation dans les Hauts-de-Seine --
Faiblesse des liens régionaux et familiaux --
Des hommes ancrés dans les territoires industriels --
Des aires de circulation privilégiées --
Vue d'ensemble : une majorité de locataires logés confortablement par des particuliers --
L'emploi comme facteur décisif du mode de logement : études de cas --
À Levallois et Puteaux, l'accès au parc privé ordinaire --
Une voie d'accès sous-estimée au logement social et aidé : le 1 % patronal --
L'accès au logement familial des ouvriers de la régie Renault --
Loger et répartir les étrangers : un enjeu entre l'état et les communes à partir de la fin des années 1960 --
Les résultats contrastés des politiques de logement des étrangers --
Des dispositifs pour améliorer l'accès des étrangers au parc social --
L'arrêté du le octobre 1968 --
Le "0,2 % immigré" et la Commission nationale pour le logement des immigrés (1975-1976) --
... aux eets mitigés --
Une disparition rapide des grands bidonvilles jusqu'en 1974 --
L'impossible décompte des étrangers dans le parc social --
La mise en cause des "concentrations" dans le parc social --
Un discours technique sur les origines des concentrations --
Un discours alarmiste et outrancier --
Maires et préfets du sud-est face aux familles algériennes --
Des arrivées "incontrôlées" --
Une première tentative de fermeture du regroupement familial : le cas du Rhône en 1970 --
Une remise en cause généralisée à partir de 1973 --
Dans les Hauts-de-Seine, les Algériens au coeur des tensions entre préfecture et municipalités communistes --
À Nanterre, tensions anciennes et nouvelles autour du logement des Algériens --
Les habitants des bidonvilles, une population illégitime --
Le compromis de 1968 et sa remise en cause --
La prise de contrôle préfectorale sur l'office municipal --
Le refus du regroupement familial par les municipalités communistes --
La posture paradoxale de la préfecture des Hauts-de-Seine --
Enracinement et exclusion (du début des années i970 au début des années 1980) --
Nouvelles dynamiques démographiques et sociales à la fin des trente glorieuses --
Accélération des circulations, baisse des installations après 1968 --
Des flux régulés par la législation --
Des installations limitées par la procédure Afta --
Les arrivées clandestines : une réalité qui n'affecte pas les grandes tendances --
Des circulations limitées avant 1968 --
Après 1968, un solde migratoire réduit derrière des flux massifs --
Les motivations des circulations
Les s6 ours de courtes durées en France --
Les vacances en Algérie : une nouveauté des années 1970 --
Les retours en Algérie : une réalité dcile à appréhender --
Une croissance démographique également liée aux naissances sur place --
Des femmes en nombre et proportion croissants --
... du fait de l'ancienneté de l'immigration algérienne en France --
Une population enracinée de longue date --
... qui donne naissance à de nombreux enfants --
Les familles regroupées : une population en voie d'intégration socio-économique --
Les recompositions familiales des années 1960-1970 --
Des couples jeunes et urbains, avec peu d'enfants --
Des familles recomposées --
Six groupes avec des profils très hétérogènes --
Les nouveaux venus qualifiés et bien logés --
Les jeunes socialisés en France --
Les ouvriers de la grande industrie dans le parc social --
Les pères de familles nombreuses en fin de parcours résidentiel --
Les vieux ouvriers mal logés --
Les élites commerçantes --
Les algériens et le droit au regroupement familial de i976 : retour sur une idée reçue --
L'obsession algérienne et la remise en cause de l'immigration familiale (1968-1974) --
Premiers bilans sur l'immigration familiale et nouvelles perspectives (1968-1972) --
Le premier groupe de travail sur l'immigration familiale : des experts issus de l'époque coloniale (1972-1974) --
L'immigration algérienne, principal enjeu du rapport sur l'immigration familiale de 1974 --
Les tentatives de fermeture de l'immigration familiale (1974-1975) --
Une suspension sélective de l'immigration familiale (1974) --
La mobilisation des associations en faveur du droit au regroupement familial --
Nouvelle commission, mêmes idées (janvier-mars 1975) --
La reconnaissance du droit au regroupement familial, un acquis fragile et tardivement ouvert aux Algériens (1976-1986) --
Un retournement inattendu : l'encouragement du regroupement familial --
Une libéralisation à la portée limitée et de courte durée (1976-1981) --
La normalisation progressive du regroupement familial des Algériens (1981-1986) --
Epilogue. Être un jeune algérien en banlieue au début des années 1980 --
Les cités de transit de l'ouest parisien face à la crise économique et aux discriminations --
La montée du chômage chez les adultes --
Tensions avec la police et expulsions --
La défection des organismes d'accompagnement social et des bailleurs --
Les réactions des jeunes algériens de Nanterre --
Des jeunes investis dans la scolarité ou le travail --
Des jeunes investis dans le secteur culturel et la politique --
La Marche pour l'Égalité : participation, tensions et traces à Nanterre.